Amis de longue date, Arthur, Emmanuel et Stéphanie ont conçu ce programme autour de deux œuvres emblématiques de la musique de chambre de Brahms.
La Sonate pour violon et piano n°3 op. 108, est en ré mineur, une tonalité chère au compositeur, en particulier dans son écriture pour le violon. Contemporaine de la Sonate n°2, elle s’en distingue fortement par son caractère beaucoup plus sombre et par une écriture très concertante pour les deux instruments. Malgré son aspect brillant, elle met en avant des moments de grande intériorité sotto voce, un scherzo con sentimento empreint d’humour, de légèreté mais aussi de mélancolie, un mouvement lent bouleversant qui s’impose comme un cri du cœur, et un finale très virtuose.
Le deuxième trio, également contemporain de la Sonate n°3, est en do majeur, une tonalité propice au caractère giocoso du finale. Il exploite fréquemment les cordes à l’unisson, qui s’opposent au piano. Le premier mouvement, en ternaire, est marqué par de nombreux jeux rythmiques, décalages et hémioles. Le deuxième mouvement, un bouleversant thème et variations, illustre l’influence de la musique hongroise sur Brahms, influencé par son amitié avec le grand violoniste Joseph Joachim, créateur de ce trio et figure incontournable dans l’imaginaire de Brahms lorsqu’il écrit pour les cordes.
Le scherzo, plus tragique, fait écho à l’atmosphère de la Troisième Sonate tout en développant un caractère fantomatique et aérien qui évoque les scherzi de Mendelssohn. Enfin, le finale, plus ambigu, affirme le caractère joyeux du do majeur tout en proposant une écriture exigeante pour la formation, qui s’intensifie jusqu’à la fin dans une longue coda.
En écho à ces deux œuvres majeures, le programme se conclut par un arrangement inédit réalisé par Emmanuel Coppey de la Romance sans paroles op. 30 n°6 de Mendelssohn. Écrites à l’origine pour piano, les Romances sans paroles ont été arrangées de nombreuses fois pour duo, notamment par Ferdinand David, ami et dédicataire de nombreuses œuvres de Mendelssohn, qui les a adaptées pour violon et piano. Cette version pour trio ajoute une dimension de profondeur et de dialogue entre les voix, soulignant la beauté et l’intimité de cette « chanson du gondolier », inspirée d’un voyage à Venise, empreinte de mélancolie et de magnifiques surprises harmoniques.
Johannes Brahms (1833-1897)
Sonate pour violon et piano no 3 en ré mineur opus 108
Allegro alla breve
Adagio
Un poco presto e con sentimento
Presto agitato
Trio n°2 pour piano, violon et violoncelle en ut majeur opus 87
Allegro
Andante con moto
Scherzo
Allegro giocoso
Felix Mendelssohn (1809-1847)
Romance sans parole opus 30 n°6
Arthur Hinnewinkel piano
Emmanuel Coppey violon
Stéphanie Huang violoncelle